Archives mensuelles : juin 2007

Municipales 2008 à Marseille : l’usure et l’attente qui dure

marseilleenscene.blog.20minutes.frA neuf mois des élections municipales de Marseille, la vie politique est comme en apesanteur. Elle est confrontée à une double énigme : la menace de l’usure pesant sur l’équipe sortante et l’illisibilité de la stratégie politique à gauche. Les choses devraient certes se décanter dès les premiers jours de juillet où Jean-Noël Guérini devrait se déclarer ou pas sur son cas personnel. Quand bien même, cette clarification faite, les données du problème ne seraient guère modifiées.

Pour des raisons simples. Jean-Claude Gaudin, au-delà même de son bilan, que les uns trouveront bon et les autres bien maigrelet, amorce le dangereux tournant de la troisième mandature. Ce tournant en épingle est généralement le plus dangereux. C’est à cet endroit que l’on récolte soit les fruits de son investissement ou au contraire l’addition des illusions perdues. S’il peut se targuer de résultats probants en matière de chômage, avec une réduction de dix points en l’espace de douze ans (la question de savoir quelle part Gaudin a pris dans cette réussite sera tranchée par les experts), le maire de Marseille peut baisser les yeux sur trois sujets qui vont lui pourrir la vie : le logement, la saleté de la ville et les transports en commun.

Derrière le paravent commode du fameux incivisme marseillais (il est certain que si l’on ne fait rien pour changer les choses, elles resteront en l’état, voire empireront…), la saleté de la ville que les caméras de Plus belle la vie évitent, progresse. Sur le logement, il est clair que le maire n’est pas responsable de la flambée des prix. Mais il dispose d’une arme absolue pour parer aux pires dérives : la signature des permis de construire, l’inscription d’un quota de sortie d’un pourcentage de logements sociaux sur chaque opération immobilière. Nous n’appartenons au Jurassik Park de la gauche messianique, nous comprenons parfaitement que les cols blancs, vecteurs de développement économique pour une ville qui en a besoin, ont besoin de se loger sur la ville. Mais comment accepter l’idée que les attentes de la population, du Rmiste au col blanc, ne fassent pas l’objet d’une réponse ajustée. Quant aux transports collectifs, les fanfares grégaires autour du tramway redondant qui permettront aux élus UMP de figer quelques instantanés pour leurs clichés électoraux ne trompent que les émotifs : la priorité des priorités, c’était d’abord l’achèvement de la L2 puis le prolongement des lignes de métro. Mais il est vrai qu’un joli tramway, ça en jette sur le papier glacé…

Au-delà d’un bilan facilement contestable, le maire est confronté à l’usure de sa dream team : Guy Teissier est au bord de la crise de nerfs et ne se prive pas, dès qu’il le peut, de dire tout le bien qu’il pense de l’action de « la mairie du Vieux Port » ; depuis sa campagne régionale ratée en 2004, Renaud Muselier rame pour retrouver son aura de dauphin (il se murmure que sur le sujet, Bruno Gilles, son ami « fidèle », présente une analyse très fine de la situation en cercles fermés…) ; et Roland Blum, le fidèle bédouin, ne colle pas aux particularismes cako-pagnolesques de la communauté marseillaise (vous croyez sans doute que nous cédons à une méchante exagération mais nous vous promettons, le doigt sur le click, que, dans les incubateurs politiques marseillais, cette notion de « marseilleïté », difficile à définir car scientifiquement fragile, est débattue. Pour aller vite, un intello qui aurait le malheur d’avoir quelques compétences et une tête épousant les formes de l’œuf giscardien serait voué au crash à Marseille). Bref, s’il veut rejoindre la présidence du Sénat, Gaudin doute des capacités de ceux qui peuvent prendre le relais.

A gauche, on attend donc la fumée blanche du côté du vaisseau bleu du Conseil général. Ira-t-il ? N’ira-t-il pas ? Guérini se tâte, consulte, numérote ses abattis. Dans le cas contraire, Sylvie Andrieux tiendrait la corde, Patrick Mennucci étant l’outsider de luxe. Mais pour quelle politique ? Où en est le comité d’experts mis en place par le Parti socialiste ? A-t-il trouvé sa légitimité ? Entraînera-t-il la dynamique tant espérée ?

L’électorat de gauche marseillais, dont on dit que les bobos penchent plutôt Modem que Guérini, est confronté à plus de questionnements que de certitudes. Les choses évolueront, bien sûr ; le débat aura lieu, bien entendu ; quelle intensité atteindra-t-il ?
L’heure est à l’été, aux cigales, propices à l’assoupissement. Le grand dévoilement des cartes est prévu pour début septembre.

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Sarkozy sur Tf1 : un exercice bien rôdé qui oublie les sujets qui fâchent !

http://www.orange.frJ’ai regardé, aujourd’hui sur le site web de Tf1, comme des millions de français avant-hier en direct, la première intervention télévisée du président Sarkozy. C’était un rendez-vous important pour comprendre quel cap politique, sous-tendu par quelles mesures, il souhaitait donner au pays. Pour l’heure, nous n’en avions que les contours, enrobés par un grand nombre d’effets d’annonce médiatiques et électoraux, pas tous très heureux d’ailleurs…

Je dois bien avouer que j’ai trouvé l’homme captivant, convaincu, motivé. En bon professionnel, il a parfaitement maîtrisé l’exercice de communication. Pour un entretien de président, chez lui sous les dorures élyséennes, le ton a nettement changé, il s’est détendu, est devenu moins technique et plus accessible. Loin, très loin, d’un Chirac auto-bronzé, figé derrière son bureau. Ce faisant, le ton s’est aussi auto-centré, personnalisé à l’extrême, on ne compte plus les « je », « moi, je », « moi », « moi-même » à défaut d’entendre le « nous » et le « ensemble » que nous attendions. Néanmoins, j’ai été étonné de constater que l’émission avait duré plus d’une heure. Dense et bien rythmée, je l’avais estimée à une demie heure tout au plus. L’affaire est donc opératoire et efficiente.

Tf1 chez elle à l’Elysée ou l’inverse ?
C’est bien le problème d’ailleurs car je ressors de cette émission mal à l’aise, suspicieux. Ce n’est pourtant pas dans ma nature. Comme si l’exercice avait été trop bien rôdé. Le choix de Tf1 d’abord quant on sait que Laurent Solly (l’ancien chef de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, qui fut aussi son directeur de campagne adjoint) vient d’être nommé directeur général adjoint de la première chaîne. Peut-être n’en est-il rien, mais je ne peux me défaire de cette idée de collusion, de mélange de genres entre le pouvoir politique et le monde de la communication, des médias, des amitiés journalistiques. Le ton flagorneur des deux caciques du 20h de Tf1 ne m’a pas aidé à m’en affranchir. Le fait que le journal du soir soit présenté depuis le palais présidentiel me laisse encore songeur, pour ne pas dire plus…Tout cela n’est pas sain, c’est excessif et dangereux en termes de manipulation, surtout lorsque le discours se fonde sur la transparence : « je ferai ce que j’ai dit ».

Comment refuser les franchises médicales ? Nous serons tous malades !
Pendant que les drapeaux français et européen flottaient au vent que laissait pénétrer la fenêtre ouverte sur le parc, le président ne se départissait d’un sourire rassurant en enchaînant les métaphores vulgarisatrices, les paraboles simplifiantes. Bien rôdé disais-je…
Les quatre franchises médicales de 10 euros non remboursées et laissées à la charge de l’assuré social? Toutes les familles de France vont être confrontées à la maladie d’Alzheimer, aux cancers et, par conséquent, aux soins palliatifs où notre pays est très en retard, tout cela à un coût, répond-il sans ciller ! Là, je dois dire que je suis sorti de mes gonds… Trop c’est trop ! L’exercice confine à prendre les citoyens pour des gorets, des machines à s’engraisser de mots sans comprendre leur sens.
Loin d’être rassuré par la prestation d’hier soir, je suis furibard. Les franchises proposées, dont tous les français vont devoir s’acquitter, quel que soit leur niveau de salaire, lorsqu’ils iront voir leur docteur, faire une analyse de sang, acheter leurs médicaments ou être hospitalisés, ne financeront en rien telle ou telle pathologies. Même celles qui font pleurer dans les chaumières des téléspectateurs et qui jouent sur la sensibilité collective et l’hypra-émotionnel. La méthode est indigeste, voire indigne…

Le pire aspect de cette décision présidentielle c’est qu’elle va faire fuir un grand nombre d’entre nous du système de soin, faute d’argent. Beaucoup préfèreront ne pas aller consulter lorsqu’ils seront malades, qui intègreront l’idée qu’aller voir le docteur est devenu un luxe. On le sait tous d’expérience, ne pas prévenir la maladie, c’est découvrir trop tard une pathologie lourde et coûteuse. Ce n’est d’ailleurs pas l’accès au soin des familles qui creuse le déficit, mais l’allongement de la vie, l’augmentation du coût des traitements et surtout la politique tarifaire presque « sauvage » des laboratoires pharmaceutiques. Or, sur les rapports santé publique/politique tarifaire des laboratoires, le président est resté coi, il n’a pas pipé mot ! Ce projet est injuste et inefficace, il ne fera que baisser, une fois de plus, le pouvoir d’achat des plus modestes.

La dette ? Quelle dette ?
Autre sujet qui fâche et sur lequel M. Sarkozy est resté étrangement silencieux, c’est la dette publique qui atteint des sommets. Ce qui était prioritaire pendant la campagne semble ne plus l’être une fois aux fonctions. Certains de ses amis s’en inquiètent justement. Le chiffrage des mesures annoncées est presque impossible à établir, peu s’y risquent, pas même le gouvernement dont les estimations varient, non du jour au lendemain, mais du matin au soir, notamment sur les allègements fiscaux ou les heures supplémentaires. Quoi qu’il en soit, il avoisinera, peu ou prou, les 40 milliards d’euros.

Le matin même de l’intervention télévisée du Chef de l’Etat, on apprenait, de la bouche même du président de la Cour des comptes, M. Philippe Seguin, que le déficit français des comptes courants s’était creusé à 22,4 milliards d’euros l’an dernier, contre 15,7 en 2005. « En valeur absolue, ajoutait-il, le déficit reste deux fois supérieur à son niveau de 2001. »

La communication bien rôdée, qui tend parfois à la claire manipulation, a donc de beaux jours devant elle, jusqu’à quand ? Attention au grand écart entre la forme et le fond. Gare aux réveils douloureux entre les attentes, immenses, générées par les mots et la réalité des faits. L’échec serait catastrophique, la déception irrémédiable.

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Guy Teissier laisse entendre que Jean-Claude Gaudin ne l’a pas « suffisamment » aidé pour entrer dans le gouvernement Fillon

www.agentura.ru/dossier/france/commission/gi.jpgIls ne s’aiment pas, c’est le moins que l’on puisse dire. La plupart du temps, Jean-Claude Gaudin et Guy Teissier font bonne figure en public. Mais, parfois, cette belle façade craquèle. Au lendemain de l’annonce du gouvernement Fillon II, Lionel Royer-Perreaut, suppléant de Guy Teissier à l’assemblée nationale, a dit tout haut ce que pensait tout bas son mentor qui rêvait d’être nommé secrétaire d’Etat aux industries de la défense, à la Réserve et aux Anciens combattants. « Il faudra bien qu’à la mairie sur le Vieux-Port, ils prennent en compte que Guy Teissier a le vent en poupe. C’est lui qui a gagné le plus de voix aux législatives et c’est dans son secteur que l’UMP enregistre aujourd’hui ses meilleurs scores. Il a une audience sur toute la ville. Si on veut aborder sereinement les prochaines échéances, il faut respecter ses amis », a-t-il déclaré dans La Provence avec une pointe d’amertume.

Entre les deux tours, un rien désabusé, Guy Teissier avait déclaré qu’il ne sentait pas « de volonté suffisamment forte » du maire de Marseille pour l’aider à entrer au gouvernement. Une façon euphémisée de dire que Jean-Claude Gaudin a sans doute tout mis en œuvre pour que ce trublion de Teissier reste à la maison.

Depuis plusieurs années, le ton monte chaque fois d’un cran entre les deux hommes. La faute au ton très direct de Guy Teissier et surtout à l’ambition de ce dernier d’être un jour le successeur de Jean-Claude Gaudin à la mairie. Et comme Jean-Claude Gaudin ne l’entend pas de cette oreille.

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Marseille Municipales 2008 au PS : Guérini, Andrieux ou Mennucci ?

C’est avec une fiévreuse minutie que les états-majors politiques marseillais examinent les résultats du deuxième tour des législatives à Marseille. Comme nous l’écrivions hier, le rebond de la gauche a été moins probant à Marseille que sur le reste de la France. Cette résistance à la vague remonte à l’accession à la mairie de Jean-Claude Gaudin. Chaque vague nationale, qu’elle soit rose ou bleue, ne modifie pas les rapports de force à Marseille. Certes, le Parti socialiste, dans deux circonscriptions (la quatrième et la troisième), frôle la victoire. Mais l’échec est au rendez-vous pour Patrick Mennucci et Christophe Masse.

Comment le Parti socialiste va-t-il réagir face à cette réalité comptable pour les prochaines élections municipales ?

www.cg13.frJean-Noël Guérini va-t-il y aller ? Le président du Conseil général est le leader naturel de la gauche marseillaise. Au lendemain de l’élection présidentielle perdue, il a appelé à un renouvellement générationnel et a clairement affiché son ambition de jouer un rôle important dans la refondation du PS. On peut imaginer qu’il testera à Marseille ce discours très tonique. Tous les socialistes marseillais sont unanimes : sa place, en 2008, est à la tête des troupes. Prendra-t-il le contrepied de cette évidence ? Préfèrera-t-il rester à la tête du Conseil général tout en pilotant la campagne municipale ? Sa réponse est annoncée pour la fin juin.

www.regionpaca.frSylvie Andrieux, la plus légitime. Ces dernières années, Jean-Claude Gaudin, pour conforter son assise municipale, a fait des 13è et 14è arrondissements de Marseille une priorité de conquête. Dans ce secteur, la socialiste Sylvie Andrieux résiste plus que brillamment aux tentatives de destabilisation du maire de Marseille. Michel Bourgat et Nora Redmania-Preziosi, candidats UMP, viennent d’en faire l’amère expérience. Chaque fois, la victoire est nette, sans appel. Ce qui démontre que l’ancrage de terrain est solide. A l’évidence, Sylvie Andrieux a marqué des points dans la course à la candidature socialiste marseillaise si Jean-Noël Guérini refusait d’y aller.

www.regionpaca.frPatrick Mennucci, le challenger. Il est des défaites moins graves que d’autres. Battu de peu, Patrick Mennucci a pris date pour les futures municipales de 2008… dans le secteur du centre-ville de Marseille. Certains ont pris cette déclaration pour l’affichage d’une volonté de mener la liste sur l’ensemble des secteurs marseillais. Ambiguïté que Mennucci a vite effacé en expliquant qu’il voulait parler de la liste du secteur et non de la conduite de l’ensemble des listes. Toujours est-il qu’en cas de refus de Jean-Noël Guérini de se présenter, Patrick Mennucci dispose de certains atouts : il est le chef de file de l’opposition municipale PS, est souvent monté au créneau seul pour contester le bien-fondé des politiques gaudinistes.

Gaudin, qui le déteste, l’a, malgré lui, adoubé. Une telle tension entre les deux hommes donnerait à l’évidence une confrontation piquante. Son statut d’homme de confiance de Ségolène Royal lui a donné par ailleurs une véritable stature nationale. Si l’ancienne candidate du PS à la présidentielle parvenait à s’assurer la présidence du parti, il bénéficierait à l’évidence d’un soutien enthousiaste d’une Royal toujours aussi populaire.

Conclusion temporaire. Nous ne nous livrerons pas au petit jeu des pronostics. Malgré sa défaite aux législatives, le PS a marqué des points dans les esprits et le moral en berne a laissé la place à une plus grande vigueur militante. Si le Parti socialiste marseillais parvient à renouer des liens avec les intellectuels, avec les forces vives de Marseille, à proposer des contre-projets porteurs dans les trois domaines principaux où Jean-Claude Gaudin a échoué (le logement, les transports, la saleté de la ville), il pourra entamer ce combat des municipales avec l’espoir de l’emporter, face à une majorité municipale menacée par l’usure.

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Législatives 2007 : le ressac PS contourne Marseille

Christophe Masse (PS) perd la 8è circonscription de Marseille détenue pas sa famille depuis 70 ans Sources : http://christophemasse.fr

La France est un drôle de pays : il aime les happenings politiques, les retournements de situation, choisit son élu comme on s’habille tous les matins, en changeant de couleurs, de styles. Versatilité ? Non, sagesse, plutôt !

Comme de la préparation d’une soirée que l’on voudrait douce et que l’on mitonne, un peu de jazz, un peu de classique, quelques standards… Le pire, pour la gauche, serait de ne rien avoir compris au film.

Bien entendu, la France n’est pas devenue socialiste dimanche soir. Jusqu’à preuve du contraire, la gauche a perdu. Mais les Français ont juste adressé un message à Nicolas Sarkozy : attention à ne pas dévier du pacte de confiance scellé entre nous. La réforme, oui, mais pas avec un bulldozer.

Pour éviter que le Président ne concentre tous les pouvoirs, les Français lui ont donc adjoint une opposition suffisamment soudée pour doucher l’euphorie ambiante, incarnée ces derniers jours par un François Fillon carnassier (quelle erreur de communication !).

Le ressac rose n’a pas touché les côtes marseillaises. L’UMP commence d’ailleurs à prendre la bonne habitude de limiter les dégâts même lorsque la vague prend des reflets roses. Pis encore, la gauche perd une circonscription, la 8è, détenue pourtant par un député sortant.

Il faut donc que la gauche marseillaise s’interroge : pourquoi Marseille n’est ni Paris, ni Lyon ? Pourquoi ne parvient-elle pas à capitaliser des déplacements de voix massifs ?

De la qualité de la refondation politique annoncée par Jean-Noël Guérini dépendra l’élucidation de ce petit mystère politique : à Marseille, dont la sociologie est en pleine mutation, les nouveaux bobos ne votent pas à gauche. Pourquoi ?

Que celui qui connaît la réponse réclame une invitation au Parti socialiste. Les fenêtres sont, dit-on, ouvertes à toutes les rénovations possibles. Il est donc nécessaire d’y entrer pour faire évoluer ce parti de l’intérieur.

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Municipales 2008 à Marseille : Jean-Noël Guérini, il est temps de fendre l’armure

www.cg13.fr

Au soir de la défaite de Ségolène Royal, Jean-Noël Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, patron incontesté du PS, a invité son parti à prendre la mesure de la difficulté dans laquelle il se trouve : absence de renouvellement générationnel, défection des intellectuels, projet inaudible, refondation nécessaire…

M.Guérini a raison : il y a le feu au lac… A ce rythme, les bastions socialistes régionaux sont menacés de disparition. Pour mener la charge du renouveau, on ne voit plus vraiment comment M.Guérini pourrait éviter d’être candidat à la mairie de Marseille…

Un refus serait jugé comme un défilement. Mais les propos publics du président du Cg 13 laissent supposer qu’il a envie d’en découdre. Il lui reste quelques mois pour donner du fond à ses propos en brisant les tabous de gauche.

Trouvera-t-il les bonnes figures emblématiques de gauche, non issues du PS, mais synonymes de réussite, d’impertinence ? Fera-t-il prendre un bain de jouvence à la gauche marseillaise ? Proposera-t-il un projet en rupture avec celui de Jean-Claude Gaudin, dont la réussite sur le logement, l’intégration, les transports mérite un droit d’inventaire ? Bref, la gauche saura-t-elle créer ce vrai désir que les électeurs boudent depuis quelques années pour se réfugier dans le pragmatisme concret de la droite ?

Seule certitude, il faudra aller vite, très vite, initier une démarche vertueuse, lancer des débats, mobiliser les experts, identifier un à un les besoins dans les 101 quartiers marseillais, créer des interpénétrations entre des territoires de plus en plus claquemurés, lancer de grandes opérations d’aménagement d’un territoire deux fois et demi plus grand que Paris, trouver un logement pour tous, expérimenter toutes les bonnes idées en matière d’intégration professionnelle, de micro-crédits, d’emplois de bas d’immeubles.

Sans cette dynamique, la défaite est promise. Au Parti socialiste marseillais, l’heure doit être au remue-méninges pour que Marseille soit enfin à la hauteur de cette ambition de capitale qu’elle ne fait qu’effleurer.

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Municipales et cantonales 2008 : la drôle de conception institutionnelle de Jean-Claude Gaudin

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Jean-Claude Gaudin est ce que l’on appelle, en termes triviaux, « un bon client » pour la presse. Il ne manie pas la langue de bois, ce qui caractérise très étonnamment une certaine modernité chez un homme dont les débuts en politique évoquent un temps que les moins de vingt ans, etc.

Ainsi, La Provence, qui a un accès direct au cabinet, a recueilli ce propos baroque du premier magistrat de Marseille au sujet de la rumeur d’élections municipales et cantonales avancées à l’automne 2007 (et non en mars 2008).

Rappelant que deux lois avaient d’ores et déjà acté le report des municipales et cantonales à mars 2008 et celles des sénatoriales à septembre de la même année, le maire précise, avec une pupille que l’on devine gourmande : « S’il prenait l’envie à un nouveau gouvernement de changer la date, il se heurterait au conseil constitutionnel qui a approuvé ces deux reports. Et Jean-Louis Debré (NDLR, président dudit conseil constitutionnel) se ferait un plaisir » d’enrayer les désirs de Nicolas Sarkozy.

Si l’on suit bien le raisonnement du maire, la vie institutionnelle de ce grand pays que veut « électrochoquer » Nicolas Sarkozy ne tiendrait qu’au fil d’une rancœur entre deux de ses piliers !

Tous comptes faits, Jean-Claude Gaudin est un peu décevant sur le coup. S’il avait été plus en forme et si Nicolas Sarkozy n’imposait pas un régime de la terreur autour de la liberté d’expression de ses ministres vassaux, il aurait sans doute ajouté : « Mais comme Jacques Chirac attend beaucoup de la réforme de la justice de Nicolas Sarkozy, notamment le raccourcissement de la période des mises en examen, ramenée à cinq ans, pour éviter à l’ancien président que la justice ne vienne lui chercher des poux sur le dossier des HLM de Paris, entre autres, il se peut que l’amertume de Jean-Louis Debré s’adoucisse comme par enchantement ».

A moins que le maire de Marseille ne découvre à son tour les pesanteurs de l’auto-censure, comme dans la presse française.

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Le cyclone Sarkozy

sarkostique.over-blog.com

Oh qu’elle est bleue, oh qu’elle est belle… Sarkozy n’a certainement pas osé demander au groupe marseillais Massalia Sound System d’emprunter les paroles de cette belle chanson pour son hymne de campagne mais elles collent à l’évidence à la situation politique.

Du bleu, partout, devant, derrière, au milieu, symbolisé par le score historique de qualification de Bernard Susini, candidat UMP, dans les quartiers nord de Marseille, au deuxième tour.

Parce qu’à l’évidence, les mentalités évoluent : la droite de Sarkozy offre aussi une alternative aux yeux des plus démunis. On pourrait croire qu’il s’agit d’un mauvais moment à passer. Ce serait s’éxonérer de la question que tout le monde se pose : d’où vient le sarkozysme ? Est-ce une mauvaise peste ravageant la gauche dans son entier ? Ou est-ce une véritable démarche d’adhésion ? A priori, la dernière interrogation mérite une réponse affirmative.

Le sarkozysme s’origine autant dans l’absence de projet de la gauche que dans le discours de son vibrionnant auteur. Nicolas Sarkozy a échoué au ministère de l’Intérieur mais qu’importe, il donne le sentiment d’agir.

Les Français se régalent de paradoxes : ils sont sévères avec le bilan du ministre de l’Intérieur mais le cite en premier comme étant le plus compétent pour inverser la donne sur l’épineux problème de l’insécurité. Ce qui n’est pas très rassurant sur l’état mental du pays : voter pour quelqu’un dont on doute des capacités (reprenez les sondages sur l’insécurité, ils sont effrayants) relève d’un puissant masochisme.

Son omniprésence tend un piège mortel à la gauche : elle risque de se reconstruire à partir de l’attente de ses éventuels coups de pompe. Mais Sarkozy est un renard : échouer ne lui fait pas peur, l’important, c’est de mouiller le maillot dans un monde complexe où la résolution des problèmes réclame un activisme de tous les instants. Et voilà le tour joué.

De l’action avant toute chose, des succès, peut-être… En attendant, la gauche n’a d’autre choix que d’inventer un possible dont elle emprunterait la forme à l’expert Sarkozy. Dire, c’est faire. C’est déjà ça, comme le chante Souchon…

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Pendant que l’UMP attend le sacre, le PS pense à sa refondation et le Modem à sa confirmation

http://sarkostique.over-blog.com/article-972869.html

Et si ces élections législatives étaient des élections « pour du beurre », déjà jouées, superfétatoires dans un contexte de désir politique pourtant porteur ?

L’UMP veut une victoire écrasante, pour asseoir son leadership. François Fillon n’est plus la caution sociale tant louée ces dernières années. Son absence du gouvernement de Villepin en 2005 a rendu l’homme aigre, méchant, brutal. Nicolas Sarkozy a fait mijoter cette haine mal recuite, qui s’exprime désormais avec la certitude de la victoire, avec des mots choisis dans un lexique vulgaire, méprisant. L’UMP veut tout, c’est légitime. Mais l’exprime sur un ton disgrâcieux.

Le Parti socialiste n’a qu’une idée en tête : sa refondation. Comme à un enterrement, elle accompagne la dépouille de la présidentielle échouée au cimetière, en évitant les mots qui fâchent, en contenant sa colère et l’envie d’en découdre. Ségolène Royal a pris date pour mener la rénovation. Mais Dominique Strauss-Kahn ne laissera pas partir le train sans y monter. Une réunion de ces deux forces que tout sépare ? Improbable. Il y aura du sang et des larmes.

Le Modem de François Bayrou n’est pas à l’aise dans ses baskets. Attirés par la gamelle, les bédoins sont partis. Pour imposer sa marque de fabrique, Bayrou doit d’abord gagner la mère des batailles, la présidentielle de 2012. S’il s’arc-boute sur son « ninisme » (ni droite, ni gauche), il faut qu’il passe par le succès d’un hypercentre.

Il lui reste à reprendre 10 millions de voix au PS et à l’UMP en cinq ans pour être au second tour. Peu probable. Changera-t-il de braquet stratégique ? Sortira-t-il d’une démarche unilatérale ? Le ralliement de certains Verts, à Marseille et Paris par exemple, fera-t-il gîter le navire sur sa gauche ? Autant d’ajustements à venir (ou pas) qui assureront l’inscription de son Modem dans la durée.

En conclusion, tout le monde attend la fin de ces législatives pour soit gouverner les mains libres, soit opérer le travail de refondation identitaire nécessaire ou de clarification indispensable.

Face à la vague bleue annoncée, les opposants sont déjà dans l’après-législatives.

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Guy Teissier et Jean-Noël Guérini : les deux obstacles de Jean-Claude Gaudin pour conserver Marseille en 2008

www.guyteissier.com

 Guy Teissier l’avoue, sans scrupule. Il se rêve secrétaire d’Etat à la Défense dans l’élargissement programmé du gouvernement de François Fillon. Cette possibilité, si elle se concrétise, devra être analysée de deux manières.

La moins probable est que le relationnel équivoque entre Guy Teissier et Jean-Claude Gaudin, qui ne fait aucun doute, a fait l’objet d’un arbitrage présidentiel : Teissier contre Gaudin… Cette hypothèse est improbable dans le sens où le maire de Marseille est un fidèle zélateur, depuis août 2004, de Nicolas Sarkozy et que ce dernier ne pourra se permettre de fâcher un si puissant baron local.

L’hypothèse la plus sûre tendrait à confirmer, dans le cas d’une désignation, une fin des hostilités entre le premier magistrat marseillais et celui qui se définit comme un électron libre. En bon chimiste des équilibres politiques, Jean-Claude Gaudin sait qu’il aura besoin de la mobilisation de toutes ses sensibilités pour embrayer sur un troisième mandat aux municipales de 2008.

Mais l’usure du pouvoir, un bilan contestable et le risque d’avoir Jean-Noël Guérini, président du puissant Conseil général des Bouches-du-Rhône, comme adversaire risquent de constituer trois faiblesses majeures.

Jean-Claude Gaudin le sait : tant en 1995 qu’en 2001, si la gauche a perdu la bataille des municipales, c’est que son unité était loin d’être parfaite. Et une gauche désunie donne parfois lieu à des comportements étranges, des absences de mobilisation dans certains secteurs, voire même des luttes intestines grandement contre-productives.

La désignation de Jean-Noël Guérini aurait un effet immédiat sur la mobilisation des troupes : cette candidature s’impose d’elle-même, paraît naturelle. Et cette clarté dans le choix, adossée à un désir clairement affiché de Jean-Noël Guérini de faire émerger une nouvelle génération, moins cryptocollectiviste et plus arrimée aux polarités sociétales de la ville, risque fort de déboucher sur une candidature réconciliatrice de la gauche marseillaise.

Alors que beaucoup d’observateurs considéraient qu’une victoire de Ségolène Royal répandrait un utile terreau à l’ascension de Jean-Noël Guérini, il n’est pas interdit de penser que les premières difficultés de Nicolas Sarkozy titilleront les gènes rebelles d’une ville en chantier désireuse elle aussi de vraies ruptures.

Jean-Noël Guérini a toutes les cartes en main pour s’ouvrir cette perspective : réconcilier la gauche avec ses intellectuels aujourd’hui orphelins, l’ouvrir à une nouvelle génération, dépasser le cadre des cooptations claniques et dynastiques, conjuguer les réussites du Conseil général (l’efficace lutte contre le Rmi, par exemple) dans une nouvelle tonalité municipale…

La clé du succès de la gauche marseillaise est dans cette rupture dont Jean-Noël Guérini entend être le porte-parole au niveau national. Pour revenir au début du propos, se mettre dans la poche Guy Teissier devient donc une urgence pour Jean-Claude Gaudin pour éviter les fatales déperditions.

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