La guerre des nerfs est engagée. Depuis plusieurs semaines, chacune des interventions publiques du maire Ump de Marseille, Jean-Claude Gaudin, devient de plus en plus agressive. Lors du dernier Conseil municipal, il s’en prenait à son opposition en lui demandant de « mettre beaucoup de vaseline ». L’édile réitérait, quelques jours plus tard, en séance de la Communauté urbaine jugeant « stupide » la proposition de Patrick Mennucci, directeur de campagne du candidat PS Jean-Noël Guérini, d’élargir le périmètre de Marseille Provence Métropole, et s’est même montré menaçant à l’encontre des élus de la Communauté d’Aubagne-Garlaban, « Qu’ils soient prudents eux aussi car leurs déchets ménagers sont traités à La Ciotat « , autant dire sur le territoire de la Cum. Après s’être imposé devant les caméras de LCM lors d’une interview de Patrick Mennucci, le dernier coup de sang a pris la forme d’un échange musclé avec le patron de la région Paca, Michel Vauzelle, sur le plateau de France 3 Méditerranée, le 24 novembre dernier (voir les deux vidéos en ligne).
Cette attitude mordante est d’autant plus étonnante de la part de Jean-Claude Gaudin qu’en réponse au sondage BVA (commandé par le Ps) le donnant à égalité avec son challenger socialiste (40% chacun), il publiait le sien une semaine plus tard dans les colonnes de La Provence qui l’estime à 10 points d’avance : 45/55.
Le sondage « secret » de Gaudin
Selon nos sources, le maire avait en réalité commandé deux sondages, dont le plus récent datait du 11 novembre, soit un mois après celui qu’il a finalement décidé de diffuser à la presse. Cette dernière enquête, nettement moins favorable à J.-C. Gaudin, devait rester secrète… Mais l’information a fuité, sans que la presse locale ne s’en empare, étonnemment. Toutefois, l’équipe de Guérini n’en démord pas et a porté l’affaire devant la commission nationale des sondages. De cette lutte sondagière publique, plus ou moins crédible, on peut néanmoins tirer plusieurs enseignements objectifs.
En fin stratège, Patrick Mennucci a réussi à faire « sortir du bois » Jean-Claude Gaudin. Ce dernier a été forcé de réagir et de publier son sondage, donc d’intégrer les 30 à 40 000 euros versés à l’institut de sondage TNS Sofres dans ses comptes de campagne, ce qui n’est pas la moindre des ses victoires. Le maire de Marseille, quant à lui, souhaitait attendre le plus tard possible avant d’officialiser sa candidature et entrer en campagne, fin janvier au plus tard, pour ne pas risquer de fissurer sa majorité en annonçant la liste de ses candidats, avec son lot de mauvaises surprises. L’ouverture promise ayant un prix, celui de remercier certains sortants…
Deuxième enseignement, le 1er secteur (1er/7ème arr.), celui qui risque de faire basculer Marseille, à droite ou a gauche, et dans lequel s’affronte deux grosses pointures locales, Patrick Mennucci (Ps) et Jean Roatta (Ump), est beaucoup plus disputé que l’Hôtel de Ville ne le pensait (52 % pour l’Ump contre 48 pour le Ps).
Michel Pezet de retour à Marseille… dans l’équipe de Gaudin ?
Enfin, la curieuse présence de Michel Pezet, ancien leader socialiste à la Mairie de Marseille, dans le sondage de l’Ump comme item de notoriété des candidats en lice dans la cité phocéenne. En quoi Jean-Claude Gaudin est-il intéressé par la popularité de M. Pezet, par ailleurs candidat à la mairie d’Aix-en-Provence ? Ce dernier, asphyxié entre Alexandre Medvedowsky (Ps) et François-Xavier de Peretti (MoDem ayant rallié à sa cause plusieurs adjoints Ump comme Bruno Genzana et Stéphane Salord ainsi que les Verts), n’a plus aucune chance de déboulonner la tonitruante Maryse Joissains à Aix. Le maire de Marseille aurait-il pour intention de le ramener sur les rives du Lacydon, qui plus est dans sa besace, en guise d’ouverture, pour faire la nique à Guérini, son concurrent socialiste ?
Affaires à suivre, donc…